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Histoire ordinaire d’'un notaire de campagne

de Joseph Barthen

L’intimité familiale d’un notaire et sa fonction dans la France rurale du XXe siècle

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Ne cherchez pas des anecdotes racontées par un notaire de campagne. D’autres auteurs, éditorialistes ou chroniqueurs, les ont narrées depuis longtemps et bien souvent avec talent.

Là n’est pas le sujet du roman de Joseph Barthen ; l’auteur a cerné la vie du notaire dans son intimité familiale et son environnement sur une période d’une soixantaine d’années du XXe siècle, tout en expliquant avec exactitude la fonction notariale dans la société française rurale au cours des différentes périodes évoquées.
Le livre commence par un événement fort : la crise de la sidérurgie et les événements de Longwy en 1979. Le drame vécu par tous les milieux sociaux de la population du Nord-Est de la Lorraine, région de mono industrie, est relaté avec pertinence. S’y ajoute une analyse personnalisée mais précise des causes et des conséquences de cette catastrophe économique. Même le notariat rural n’a pas été épargné dans le secteur satellite de l’implantation des établissements industriels en crise.
L’amour et la famille sont omniprésents dans cette saga portant sur deux générations de notaires ruraux contemporains.
Fresque du XXe siècle, l’auteur fait vivre ses personnages à travers les événements marquants allant de la fin de la première guerre mondiale jusqu’au début des années 1980 : outre les événements de Longwy, Joseph Barthen évoque la crise économique des années trente, l’exode et la débâcle de juin 1940, la période des trente glorieuses, la guerre d’Algérie, le Concile Vatican II, l’inflation galopante du début des années 1980. La deuxième génération subit dans les années 1970 la crise du notariat rural avec l’obligation de se conformer à l’indispensable restructuration des offices ruraux ou d’aller ailleurs.
À côté des deux notaires, père et fils adoptif, les femmes tiennent un rôle éminent… La tante Vuillet de Lyon, pour avoir su insuffler à son neveu l’esprit de lutte et de devoir, était pour beaucoup dans la réussite de François Mermet… Marie-Antoinette Mangin a épousé François par amour. Les deux époux ont connu un bonheur réel, contrarié pendant quelques années par l’absence d’enfant. Cet incident a amené François à me contraindre avec toute la douceur due à sa grande délicatesse, mais avec fermeté, à reprendre pied et à me convaincre que la vie de couple, même sans enfant, avait un sens, surtout quand ce couple était uni par un grand amour, comme c’était le cas pour nous.
Marie-Antoinette a compensé ces années sans enfant par une vie culturelle féconde.
Arrive Roland, fils unique d’un couple d’immigrés polonais, les Nowicki, tués sous les yeux de Marie-Antoinette et François Mermet au cours d’un raid de l’aviation ennemie dans l’exode et la débâcle de juin 1940, suivis de l’amour et du bonheur de la famille après le « Magnificat » de Marie-Antoinette et de l’adoption de cet enfant qui s’appellera Nowicki-Mermet.
Chantal Watrin, la femme de Roland qui a la force devant les épreuves de la vie de persuader son époux de la nécessité du choix à faire dans un discours qui est un sublime hymne à l’amour et au bonheur en famille.

Les personnages de ce roman, des Lorrains et des Francs-Comtois, sont issus pour la plupart du monde rural ou ouvrier, deux milieux et deux régions que l’auteur connaît bien. Il sait de quoi il parle quand il relate, non sans humour, la vie et les mœurs dans les cités ouvrières dans les années 1950-1960.
Un clin d’œil à l’Histoire : la guerre de Trente Ans, époque où le Nord Meusien dépendait du Luxembourg, possession espagnole, comme le fut la Franche-Comté.

Joseph Barthen affirme ne pas avoir de maître à penser pour ses écrits. Il compose selon les sujets qu’il traite. Il reste avant tout un observateur de la société contemporaine. Il reconnaît néanmoins avoir été influencé dans son analyse et son apologie de la vie du couple et du bonheur conjugal et familial par deux grands écrivains contemporains : Jacques Chardonne et Pierre-Henri Simon, de l’Académie française.
Le lecteur averti peut en effet retrouver dans le roman de Joseph Barthen une ressemblance dans l’écriture classique, la technique de composition et l’esprit de ces deux auteurs.

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